Festivals de Cinéma

BFSC à Cannes : troisième // Episode 7

Posted by Barbara GOVAERTS

Passer du coq à l’âne comme on dit est le propre de Cannes. L’on passe en effet de monde en monde. Ce 7ème jour de festival en fut à nouveau la preuve puisqu’il m’a embarquée dans la réalité du chômage longue durée et de toute les difficultés si ce n’est financières, sociales et personnelles qu’il engendre (La loi du marché) pour ensuite me faire voyager jusqu’à la Thailande (Cemetery of splendour) pour finalement m’embarquer aux côtés de prostituées marocaines à Marrackech. Oui je sais, comme ça, ça fait très « cliché Cannes » où les moqueurs diront que seuls sont présentés des film « turcs sous titrés en danois » comprenez, des films qui ne sont pas destinés à un large public mais seulement à un public d’initiés. Tout n’est pas faux dans cela mais je peux vous dire que cet écrin que représente le Festival de Cannes est une réelle mine d’informations et de découvertes sur notre monde si divers et si complexe. Franchement, je ne fais que réaliser de plus en plus fort l’importance majeure du cinéma qui nous délivre des histoires qui ne font que nous faire rêver, nous faire réfléchir, rire, pleurer ou encore râler… vivre en somme. Cet art « jeune et nouveau », qui fête ses 120 cette année, est définitivement un point d’ancrage très fort de et dans notre monde.

Alors on voit quoi à Cannes ?

La loi du marché de Stéphane Brizé, en compétition officielle

  • Ce film évoque sans misérabilisme aucun (vraiment aucun, ce qui est très fort) le quotidien et les répercutions du chômage de longue durée.
  • Outre les conséquences financières, c’est surtout la difficulté sociale qui est abordée ici. Vincent Lindon incarne à la perfection, vraiment, cet homme en bout de course, essouflé par tant de démarches, de formations et autres entretiens qui ne mènent à pas grand chose.
  • Ce film est simple dans ce sens où il ne joue d’aucune fioriture, d’aucun effet. Il est brut et vise à nous mêler à cette réalité.
  • Vincent Lindon est le seul acteur professionnel et a le brio de ne jamais écraser ses partenaires de jeu. Ce qui relève vraiment de l’agilité et surtout de la modestie. Il prouve ici à quel point il est un grand acteur.
  • Le film évoque, montre la réalité de cette société de consommation et plus précisémment encore cette société du rendement au sein de laquelle chacun doit prouver son apport, sa valeur. Pas de place pour les plus faibles, jamais. Il faut se tenir droit, parler fort, savoir ce que l’on veut, aller de l’avant et savoir se faire sa place. La fin justifie les moyens.
  • La loi du marché évoque clairement et distinctement les dérives d’une société qui ne se base que sur le profit. Il va jusqu’à évoquer les dérives humaines que cette quête de profit engendre. Le réal a bel et bien choisi de montrer jusqu’où peut aller l’humain lorsqu’il se retrouve aculé par une situation dont il ne maitrise plus rien et où son unique but est de sauver sa peau.
  • C’est franchement fort, brut mais utile. Du cinéma social dans toute sa splendeur. Perso, je dis oui, vraiment.

Cemetery of splendour d’Apichatpong Weerasethakul, Un certain regard

  • Là il faut que je m’arrête un instant. Ce réal thailandais, je le connais de nom puisqu’il a reçu la palme d’Or il y a quelques années lorsque j’ai commencé à m’intéresser au Festival de Cannes. Cela dit je n’ai vu aucun de ses films et n’avais pas prévu de voir celui ci présenté donc en sélection parallèle.
  • Mais aux dires des festivaliers, très bavards sur les réseaux sociaux, dans les journaux quotidiens et dans la vraie vie, ce film est un pur bijou. Je me suis donc décidée à aller le voir.
  • Je n’ai aucun regret puisque je peux désormais dire que j’ai découvert le cinéma de ce réal mais il ne me parle en rien.
  • Là où les festivaliers ont vu de la splendeur, de la beauté et de la poésie : j’ose dire que je n’ai vu qu’ennui.
  • C’est beau, certes, pur et magique aussi mais beaucoup trop onirique pour moi. Définitivement, j’ai besoin de cinéma qui parle, qui est dans le concret de la vie.
  • Il est question dans ce film, comme semble t il dans la plupart de ses autres films, de rêves, de songes, de réflexion sur les rêves, sur la ou les vies antérieures et j’avoue que ça ne me parle pas du tout.
  • Je suis peut etre déjà trop consciente de la beauté de la vie (je ne veux pas sembler en faire trop à ce stade mais je sais que très sincèrement, je suis vraiment à même d’apprécier la vie autour de moi, la beauté de la nature, la beauté d’un échange sain et porteur de découvertes etc). Et puis disons le, je suis supra cartésienne et pragmatique et n’attends pas du cinéma qu’il me mène dans des réflexions oniriques.
  • De plus ce film évoque pour moi les limites de la critique, je serais incapable de vous en faire le pitch tant il s’agit pour moi d’une suite de sentiments, de ressentis.
  • Bref, pas ma cup of tea

Much loved de Nabil Ayouch, Quinzaine des réalisateurs

  • Idem que précédemment, je ne serais pas allée voir ce film si un buzz n’avait pas éclaté en milieu de matinée. Un extrait a été dévoilé et la croisette ne parlait quasi plus que de cela.
  • Une histoire de prostituées marocaines. Sans doute du brut et du cinéma de dénonciation. Tout ce que j’aime !
  • Le réal et ses acteurs nous ont présenté le film (ce que j’aime lorsque ça se passe comme ça, je me sens vraiment au coeur même du cinéma et de son univers) et Nabil Ayouch (le réal donc) n’a pas mâché ses mots. Il nous a prévenu que nous allions voir du brut en effet et du cru. En l’écoutant parler, nous apprenons qu’il a d’abord pensé au documentaire pour évoquer ce sujet mais qu’il a finalement préféré la fiction pour dénoncer cette réalité sociale ignorée au Maroc comme ailleurs où on ne peut pas dire que les prostituées soient réellement ni considérées, ni protégées.
  • Ce que j’ai vu au final est un film empli d’amour et d’humanité. Mais vraiment.
  • Certes nous sommes plongés au coeur de leurs nuits âpres et il est clair que derrières les rires qui résonnent, au fond de leurs grands yeux noirs, c’est bel et bien de la tristesse, de la honte, de la peine, de la déception qui s’y cachent.
  • C’est franchement beau, tout ce que j’attends du cinéma. Qu’il nous montre une réalité. Le réal s’est selon moi parfaitement emparé de cette réalité et a fait de ce film un réel film d’amour empli de sentiments purs et beaux.

Je vous parle également de Much Loved sur Séance Radio

NB : Les amis ne pensez pas que je ne fais les choses qu’à moitié. Je peaufinerai ces articles dès que possible et les agrémenterai de photos et autres bandes annonces des films dont je vous parle. Toutes les infos sont sur le site officiel du Festival.

 

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