C’est pour ainsi dire un petit film qui ne restera sans doute pas dans les annales (il en faut aussi) mais qui a le mérite d’être incarné. On sent que la réal sait de quoi elle parle, et c’est en soi un bon point de départ pour réaliser un film.

Elle nous livre en fait un film de troupe. Soit une équipe de reporters employés par un groupe de télévision et travaillant pour une émission de reportage qui a 15 ans. Face à la réalité du traitement de l’information, des restrictions budgétaires des chaines et surtout face à « l’usure » du programme, cette bande est en proie à de nombreux obstacles qu’ils devront surmonter.

Le film trouve son point d’ancrage et son fil conducteur dans le personnage de cette jeune stagiaire, interprétée par une Alice Isaaz sensible et pleine de force. Et via cette équipe toujours prête à en découdre, on est invité à nous immerger dans le quotidien trépidant de journalistes reporters amenés à couvrir tout aussi bien un défilé de la fashion week parisienne ou un commando sur une zone de guerre en Centreafrique.

Ce que le film veut dire c’est cette envie qu’ont les patrons de chaines de « storyteller » l’information, comprenez de la raconter sous un angle léger et « excitant ».

Car « plus personne ne souhaite voir la mort en face ». Il faut donner à voir la misère et la souffrance sous un angle si ce n’est racoleur, incarné et plutôt frivole pour donner au spectateur le sentiment de se sentir concerné mais jamais dépassé ou encore moins abasourdi. Qu’il puisse ensuite reprendre sa vie comme si de rien n’était.

Roschdy Zem, dans le rôle du rédacteur en chef qui en a trop vu et vit avec des regrets est excellent de douceur et de rage contenue. A ses côtés Vincent Elbaz, le reporter de guerre épuisé mais toujours partant, exprime la passion du métier qui est la sienne. Si quelques rôles sont un peu caricaturaux comme celui du présentateur cocainé, le tout fonctionne et nous dit l’urgence de trouver le bon angle pour dire, montrer une réalité et en tirer une information et une analyse, une résonance de la société. Surtout à l’heure où l’information, « la news » circule à la vitesse de la lumière avec l’usage des réseaux sociaux.

C’est au final une jolie balade marquée par des arrêts obligés plus ou moins légers, plus ou moins lumineux.

Une illustration du quotidien à l’échelle du monde.