AMHA (A Mon Humble Avis)

Making of

Posted by Barbara GOVAERTS

Cédric Kahn ne chôme pas. C’est le moins que l’on puisse dire. Il nous livrait l’excellent Le procès Goldman il y a quelques mois et a directement enchainé avec le tournage / montage de cet autre huis clos social. Car si, sur la forme, les deux films sont assez différents, ils sont par bien des égards, très semblables.

Making of raconte les aléas d’un tournage durant lequel toutes les galères semblent se produire. La météo n’est pas au rendez-vous, le producteur mène toute l’équipe en bâteau et a deserté, la responsable de la prod n’a plus assez d’argent pour payer les équipes, des tensions explosent entre les deux personnages principaux et le réalisateur doit revoir la fin de son film et sauver un mariage qui part à vau l’eau. Une calamité !

Disons le : ce film est une tragédie en 3 actes.

Mais au coeur de toutes ces difficultés, c’est surtout la débrouille et l’amour pour ce métier qui priment. L’envie collective de mener ce projet jusqu’aux salles de cinéma.

L’acteur principal est naturellement perçu au sein de cette communauté comme étant en haut de l’échelle sociale. Il est forcément excessivement bien payé (même si dans ce cas précis, son contrat indique qu’il est payé à la participation et qu’il sera rémunéré à la hauteur des entrées en salle). Lors d’une réunion de tournage exceptionnelle organisée par la production pour faire face au manque de moyen pour financer le film, il accepte de poursuivre le tournage sans être payé pendant deux semaines : « mais qu’est-ce que c’est franchement que 2 semaines de salaire » dira t-il, hors sol et en dehors des réalités lorsque le perchiste lui rétorquera qu’il a le dos cassé, qu’il est là du matin au soir chaque jour pour le tournage de toutes les scènes, pour lequel d’ailleurs on ne le consulte absolument pas… Et que par conséquent il est innenvisageable pour lui de poursuivre le tournage sans être payé.

Le film nous confronte à cette réalité du terrain là. La différence de point de vue, la différence de réalité entre les différents membres de l’équipe et nous rappelle par la même occasion que les images mises en scène que nous découvrons sur nos écrans, sont le fruit de semaines de travail, et de l’expertise de centaines de personnes qui oeuvrent pour que le film puisse se faire. Les fameuses personnes de l’ombre qui mettent en lumière les acteurs et actrices que nous admirons.

Un art oui mais par ailleurs une industrie.

Au delà de ce huis clos, Cédric Kahn réussit le pari de nous emmener dans un quadruple niveau de discours et d’histoire.

Ce film en lui même : celui de Cedric Kahn, l’épopée du dit making of, celle du film en cours de tournage – en l’occurence, une histoire sociale d’ouvriers licenciés essayant de reprendre l’usine en autogestion – et l’histoire d’amour naissante entre le jeune réal du making of et l’actrice principale.

Et tout fonctionne ! Chacun existe.

De l’art de porter à l’écran les réalités d’une vraie expérience collective.

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