AMHA (A Mon Humble Avis)

L’espérance

Posted by Barbara GOVAERTS

Cette image on l’a tous vus. Un petit garçon vêtu de rouge et de bleu marine face contre le sable, rejeté par les flots.

L’horreur juste en face de nos yeux et ces questions : on va où maintenant ? On fait quoi ? On agit comment ?

J’ai l’impression de radoter et de me répêter dans mes articles mais force est de constater qu’on en arrive à se poser les même questions en boucle. Comment a t-on pu en arriver à stade ? Comment est-il possible qu’un enfant puisse trouver la mort aux frontières de nos côtes européennes ?

On parle tout de même assez du passé de notre continent, on se / nous répète tout de même les horreurs qui y on été perpetrées et ce serait pour en revenir au même stade ?

J’aurais pensé l’Homme plus mûr, plus ouvert, plus enclin à respecter son prochain.

C’est sans doute bateau ce que j’écris là mais face à l’immondisme des situations et des images qui peuplent nos journaux au quotidien, j’en viens à me demander ce qui pourrait permettre de changer les choses.

J’ai vu passer des articles emplis de bonnes idées pour venir en aide à ces « migrants » comme aiment à les appeler les medias. C’est une bonne chose et je suis ravie si cela donne de bonnes idées à certaines personnes.

Je me dis que la première chose serait de considérer ces « migrants » comme des entités. Les media nous donnent à voir et à imaginer des groupements d’hommes et de femmes (et d’enfants donc) sans jamais nommer des identités. On oublie trop que parmi ces groupements d’Hommes il y a des personnalités aux caractères multiples et c’est justement ce que met en avant ce très joli et important film qu’est Mediterranea.

Là ou Dheepan faisait une (belle) ellipse au moment du périple de la famille qui fuyait le Sri Lanka pour La France, Mediterranea nous emmène, caméra à l’épaule, aux côtés des ces hommes ayant pour destination l’Italie et ses terres d’oranges muries par le soleil. On les suit dans leur voyage interminable entre marches dans le désert où surgissent parfois des bandits prêts à les dépouiller des quelques billets qu’ils ont réussi à épargner et navigation sur un bateau gonflable pourri où la météo n’est pas toujours clémente. C’est cette vérité qui fait mal mais qui est utile. Car que savons nous de ces gens ? Des véritables raisons qui les poussent à quitter leur famille, leur pays, leur maison ? Que savons nous des conditions dans lesquelles ils « voyagent », si l’on peut appeler cela voyager. Rien. Nous avons des images et quelques idées mais rien de précis et beaucoup de choses bien caricaturales.

Ce film a donc le mérite de nous plonger dans cette réalité et j’y vois là toute la force et la vérité du cinéma qui m’apprend, en continu et à chaque fois, la vie de personnes dont je ne sais rien et que je ne suis pas ammenée à cotoyer au quotidien et je peux vous dire que j’en tire une véritable richesse. En cela je comprends ces articles et interviews que je lis et entends et qui évoquent la force du cinéma et l’utilité qu’il a dans nos vies. Je touche du doigt cette importance là.

Le film évoque par ailleurs la « douche froide » que prennent ces hommes et femmes en arrivant sur le sol européen. Comprenez qu’on leur a vendu un eldorado au sein duquel ils pourraient trouver un travail, un logement pour ensuite faire venir leur famille. Forcément, les choses sont tout autres, nous le savons et ne pouvons l’ignorer. Cette scène d’ailleurs où les deux frères arrivent en Italie et rejoignent l’adresse que leur a donné leur oncle est poignante. Il s’agit en fait d’un squat et il comprennent bien vite qu’ils devront prendre leur mal en patience avant de gagner la vie rêvée qu’ils espéraient.

Le film n’est jamais misérabiliste. Il montre simplement une réalité et en cela il est important.

Sans doute suis-je naive et trop bien pensante mais je pense véritablement que ce genre de film, d’oeuvre peut participer de l’émancipation des consciences et de la connaissance des choses telles qu’elle sont et telles qu’elle se passent « en vrai ».

Ce film montre également, point non négligeable, que ces hommes et femmes qui tentent le tout pour le tout et ce dans l’espoir d’une vie meilleure, ont en eux cette force que bien d’entre nous ont perdu depuis belle lurette : l’espérance. Du point de vue de notre vie de « riches européens » qui nous donne tout, je me demande si nous avons encore en nous cette force de vie et cette volonté d’aller de l’avant.

Je vous le dis, ces Hommes sont mus par l’espérance d’un avenir meilleur et c’est franchement beau et humain. On peut en prendre de la graine.

 

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