AMHA (A Mon Humble Avis), Festivals de Cinéma

L’innocent

Posted by Barbara GOVAERTS

C’est déjà un travail d’écriture d’une grande précision. Et ca y fait beaucoup.

Il faut voir, entendre, et ressentir – l’harmonie, le plaisir qu’ont les acteurs à dire leur texte et à jouer ensemble. C’est de l’ordre du palpable.

Et de cela, découle un pur plaisir de cinéma qui nous emmène à 100 à l’heure aux côtés de cette famille recomposée et foutraque totalement attachante.

Les artifices sont nombreux et tout fonctionne. A chaque instant. En voilà une comédie bien ficelée.

Il y a tout à la fois de la drôlerie, un ton parfois plus grave, de l’action et des moments plus calmes – mais jamais d’inertie – et une intrigue qui nous tiendra en haleine jusqu’aux dernières secondes du film.

Louis Garrel réalise ici son quatrième film et il aura fallu qu’il aille puiser du côté de l’histoire familiale (un pan de celle de sa mère) pour parvenir à se donner véritablement, sans retenue mais avec beaucoup de pudeur, et nous donner à voir un film 100% réjouissant et jamais « trop » (ce que l’on pouvait peut-être lui reprocher au préalable, ce petit côté surjoué, qui manquait de naturel).

Il est parvenu à épurer son style pour nous livrer une comédie drolatique et tendre qui coupera l’herbe sous le pied à tous ceux qui disent que le cinéma – et surtout le français – est mort, qu’il est inerte et qu’il ne vaut rien.

Il y a du burlesque et surtout une certaine réalité qui émergent de ce film. Et puis un mélange des genres qui nous surprend pour notre plus grand plaisir : comédie, polar, romance.

Je le disais en préambule, les acteurs sont extra et s’en donnent à coeur joie. Cela se voit, cela se sent.

Anouk Grinberg est une merveille de tornade humaine dans le rôle de cette femme pleinement et savoureusement amoureuse. Je garde d’ailleurs en tête cette scène où elle enlace son mari – le ténébreux malfrat repenti (?!) incarné par le si charismatique Roschdy Zem – et durant laquelle on sent tout l’amour et toute la passion qu’elle a pour lui. C’est touchant au possible.

Et puis Noémie Merlant, la meilleure amie qu’on n’ose aimer vraiment… Elle est formidable en coéquipière de choc.

Clairement, Louis a donné le beau rôle aux femmes : les seules en capacité de faire face à l’adversité, aux complications non prévues qui viennent se greffer au milieu du chemin. Alors que les hommes pourtant parfois si bien préparés se retrouvent incapables de réagir ou alors incapables justement pour cause de blocage, d’une trop grande timidité ou encore d’un manque de confiance…

Totalement réjouissant au point où je m’apprête à en reprendre pour une deuxième séance.

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