AMHA (A Mon Humble Avis)

La société comme elle est

Posted by adminBarbara

Un film avec Benoit Poelvoorde ça peut faire peur à certains, je le conçois. On se demande dans quelle histoire, quelle folie on va s’embarquer… c’est sans compter sur le talent du comédien. Je suis fan de Benoit depuis le premier jour. Mes proches le savent et ça m’a valu quelques moqueries (oui je ne vous ai pas dit que je le trouvais charmant aussi…) mais je l’assume totalement. Il s’agit selon moi de l’un des comédiens français les plus doués. Pour quelle raison me demanderez vous ?

Et bien parce qu’il est vrai, qu’il ne triche jamais et qu’il dévoile une sensibilité qui me touche vraiment.

Alors forcément lorsque j’apprends qu’il joue dans un film de surcroit présenté à Cannes, je jubile. Le film ayant été présenté le jour de mon anniversaire à Cannes, je n’avais pas pu assister à la projection.

C’est donc un peu sur le tard que j’ai enfin pu vivre Le Grand Soir

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Et quelle belle suprise !

Derrière ses airs loufoques, on assiste à la meilleure critique de la société depuis fort longtemps. On rit, mais on rit jaune, c’est le moins que l’on puisse dire. Le film nous met face à une réalité sociale qui fait tout de même froid dans le dos. Tout y est, de la crise qui plonge des milliers de personnes dans le chaos économique, à la course à la rentabilité et aux chiffres, en passant par la marginalisation et à la misère sociale, disons le.

Le Monde titrait « nous sommes tous des punks à chien » il s’agit là d’un très bel article (que j’aurais aimé avoir écrit d’ailleurs) et qui montre que le film est vraiment ancré dans la réalité.

Benoit Poelvoorde est Not – c’est d’ailleurs inscrit sur son front. Il se revandique comme étant le dernier punk à chien de France et semble trainer sa misère comme d’autres trainent leur vie. Not est pour ne pas dire, SDF et vit au jour le jour. Il tente de s’économiser afin de ne pas sombrer – comme il l’exlique à son frère – qui viendra bien vite le rejoindre dans sa galère pour en n’en sortir que plus libre et plus heureux.

Son frère justement c’est Jean-Pierre (formidable Albert Dupontel) marié, jeune papa et représentant en literie dans un centre commercial de la région. Lorsque son patron le renvoie car « il n’a pas fait son chiffre », c’est son petit monde de certitude qui s’écroule. Ce ne sont pas vraiment leurs parents, propriétaires du resto La Pataterie qui pourraient leur apporter une quelconque aide, bien trop occupés à éplucher leurs patates et à faire les comptes de la boutique entre deux coups de folie de leur mère quelque peu… spéciale ! (Brigitte Fontaine).

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Voilà donc que les deux frangins se retrouvent confrontés, ensemble, au monde de la rue mais à deux, et donc plus fort, cela va s’avérer être l’expérience salvatrice de leur vie.

Je le disais, derrière toute cette loufoquerie il y a une réalité qui nous submerge. Le film nous donne à réfléchir sur nos conditions de vie.

Tout y est :

De cette société de consommation qui nous pousse à toujours plus consommer, bêtement, sans même réfléchir, à ce marché du travail qui pousse les « plus faibles » vers la porte de sortie (« C’est la crise Bonzini, certains ne sont pas taillés pour y survivre » : cette phrase m’a glacé le sang).

Not au fond, ce pauvre gars que l’on catalogue tout de suite comme étant un paumé de la vie, nous fait prendre conscience que son mode de vie n’est finalement pas si idiot. Certes il manque de vie sociale, mais il s’écoute, il prend le temps et au final, vit bien plus fort que bon nombre de ses comparses employés et chauffés. Il prend au moins le temps de se poser des questions, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.

JP, qui était égoiste et individualiste va finalement s’ouvrir au monde et à ceux qui l’entourent et va découvrir qu’on est bien plus fort à deux.

Au final, si on ne devait garder qu’un message de ce film c’est la gravité de l’aliénation dans laquelle nous pousse la société. Tout est fait pour que l’on consomme… On met à notre disposition des batiments aux normes, avec des produits aux normes afin de nous rassurer et de nous faire acheter toujours et encore. Ou est donc cette crise dont tout le monde parle ?

La conclusion que je ressors du film est ainsi l’importance de toujours rester prudent, de garder cet esprit de contradiction, cette reflexion, cet esprit critique et cette force de frappe qui feront que nous ne deviendrons pas de simples moutons dans ce monde de bruts.  

We are not dead!

 

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