AMHA (A Mon Humble Avis)

La conviction faite Homme

Posted by adminBarbara

 Difficile je trouve d’évoquer la vie de Nelson Mandela avec justesse. Il est très facile d’en faire soit trop, soit pas assez. Face au destin hors norme de cet Homme dont l’aura et le charisme frappent avec force, qu’en est-il alors de la possibilité d’incarner le personnage ? Certains se sont assigné à la tâche, toujours avec brio je dois dire – Morgan Freeman dans Invictus, Denis Haysbert dans Good bye Bafana et aujourd’hui Idris Elba dans Mandela, long road to freedom.

Revenons d’abord si vous le voulez bien au film en lui même. Un biopic : d’accord. La volonté de raconter l’histoire de Mandela de son enfance jusqu’à son élection quelque 75 années plus tard : d’accord, mais compliqué tout de même. Invictus et Good bye Bafana que j’évoquais plus haut avaient pris le parti de se focaliser sur un point précis de l’histoire. Ici, le but est de montrer l’étendue de la vie de cet homme de conviction. Pas évident au premier abord tant la tentation pourrait être de bâcler le sujet. Je trouve en effet que le film n’est pas « fracassant » du point de vue de la réalisation et de la mise en scène si ce n’est qu’il fonctionne bien, aborde les aspects majeurs de sa vie et qu’il remplit une mission déjà primordiale : permettre à tout à chacun de se rendre compte du combat d’un Homme qui a permis de faire évoluer les mentalités d’un pays en proie à la haine et à la violence, et de changer la face du Monde par le biais de valeurs humaines et d’une convicition à toute épreuve.

A ce propos, j’ai trouvé intéressant que le film se focalise sur le combat de Mandela mais également sur celui de sa femme Winnie. Leur parcours est d’ailleurs intéressant par leurs divergences. Mandela qui, avant son arrestation, commençait à être tenté par la violence, presque résigné par des années de lutte paisible gagnera encore plus en humanité et en douceur alors qu’il fût lui même confronté à la pire des barbaries en prison. Ces années passées dans les geôles de Robben Island ne feront au final que renforcer ses convictions et lui donner la certitude que seuls l’amour, le respect de chacun et l’égalité peuvent nous sauver. C’est d’ailleurs en cela que Mandela est un Homme comme il en existe peu : alors que le propre de l’humain est bien souvent de rendre coup pour coup, Mandela a su puiser dans sa souffrance et dans la peine qui lui a été infligée la force de ne jamais se résigner et de lutter en paix.

Sa femme a suivi un parcours inversé. Alors douce, quoique convaincue elle aussi : elle sait qu’elle épouse la cause le jour où elle épouse Mandela, elle va nourir une rancoeur, une amertume et une haine vis à vis du gouvernement en place et de ces hommes qui ne font que la harceler, la maltraiter et pire encore. Plus le film avance, plus on la voit s’enfoncer dans un combat armé qui ne semble en rien l’apaiser. On la voit rongée par la haine et l’envie de vengeance ce qui, outre la séparation de ces 27 longues années, précipitera son divorce d’avec Mandela quelques années après sa sortie de prison.

Deux autres passages du film se font également échos. Au début du film nous assistons à un rite de passage à l’âge adulte. On y voit le jeune Nelson Mandela dont le visage est recouvert de « maquillage » blanc être officiellement reconnu comme étant un homme adulte par sa famille et son clan.

Plus tard dans le film, alors que Mandela est en prison on le voit prendre une douche après une dure journée de labeur durant laquelle il a cassé de la caillasse / craie et la douche lui permet d’ôter la couche de poussière blanche laissée sur son visage de la même façon qu’il s’était baigné dans un lac afin d’ôter le « maquillage » blanc qu’il avait sur le visage lors de ce rite de passage. Si ce dernier l’avait rendu homme. La prison semble alors l’avoir rendu Humain. C’est là que se situe le miracle de la vie de Mandela. Il a été façonné, faceté par la prison. Façonné d’amour par la haine. Oui Mandela a su se forger cette carapace d’amour et d’humanité alors qu’il a été entouré par la haine pendant la majeure partie de sa vie. 

De là il est plus que légitime d’évoquer des termes forts tels que : aura, charisme, exemplarité… Des termes qui lui sont amplement réservés.

Enfin, ce film permet donc de déceler les immenses qualités humaines d’un homme sans commune mesure au même titre qu’il permet de valoriser un immense acteur : Idris Elba. Je savais qu’il était bon et attendais de le voir dans un rôle taillé à sa mesure pour en être définitivement convaincue. C’est chose faite. Il est bluffant et incroyable. Il ne cherche jamais à imiter Mandela et relève le défi de l’incarner à l’écran avec grâce et brio.

Oui, voilà ce qui ressort de ce film : de la grâce. Et le portrait d’un homme hors du commun. Un leader comme il n’en n’existe plus. Un homme dont la conviction, l’amour, la croyance en l’être humain et le respect sont érigés en standard de vie.

Merci Madiba.

 

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