Festivals de Cinéma

BFSC à Cannes : troisième // Episode 10

Posted by Barbara GOVAERTS

Voilà que nous sommes vendredi, jour de mon anniversaire célébré sur le croisette (oui je me permets cette petite promotion personnelle !)

Le temps est au beau fixe, l’humeur parfaite et l’envie de profiter de ce bonheur véritablement présente.

Je fais fi des remarques des râleurs (oh qu’il y en a ici comme ailleurs !) et tente de profiter de cette belle opportunité festivalière.

Aujourd’hui en visionnage : deux films français en compétition. Deux des films que j’attendais le plus.

Alors on voit quoi à Cannes ?

Dheepan de Jacques Audiard, compétition officielle

  • Audiard, si vous me suivez vous savez que j’aime ce réalisateur de tout cœur. Son prophète est clairement le film français le plus fort que j’ai vu depuis des années et l’un de mes films préférés.
  • Jacques Audiard a cette excellence et cette maestria lorsqu’il s’agit de diriger des acteurs. Et puis surtout, il a ce goût des gens. Il porte aux gens, d’où qu’ils viennent et surtout « de la rue » un respect et un amour inconditionnels qui se reflète très fortement dans ses films. Rien de plus fort pour me toucher et me plaire. Il aime ceux que beaucoup ne remarquent pas. Il se met du côté des opprimés (sans que cela ne semble mielleux, jamais)
  • Il dépeint ici l’histoire d’un homme (Dheepan), d’une femme et d’une petite fille, famille inventée pour espérer trouver une place dans un des bateaux qui les mènera du Sri Lanka leur pays d’origine jusqu’en France, terre d’asile.
  • De l’horreur de la guerre vers la douceur de vivre. En substance. Car bien sûr nous connaissons le sort (le connaissons nous vraiment) des immigrés arrivant sur notre sol.
  • La famille arrive dans une cité dite « chaude » du Pré Saint Gervais et va commencer l’intégration grâce à un poste de gardien pour monsieur, un poste de femme de ménage / aide de vie pour madame et l’école publique pour mademoiselle. Le film est alors à son apogée dans la justesse du propos, l’humanité qui s’en dégage et la réalité de la difficulté du phénomène d’intégration.
  • Je me régale.
  • Mais le film va vite déraper et nous emmener dans une seconde partie qui tire en longueur (du jamais vu jusque là chez Audiard) et un propos quelque peu « questionnable » dirons nous, pour finalement nous servir en guise d’apogée une fin que je considère comme étant sans aucun doute réaliste mais trop facile. Disons le, Jacques Audiard est fâché contre son pays en lequel il ne semble plus croire. A juste titre sans doute, je ne peux pas le contredire.
  • Mais je reste sur ma fin / faim.

Valley of love de Guillaume Nicloux, compétition officielle

  • Ah Gérard, Isabelle ! (Depardieu / Huppert) Quel duo imparable. Je les aime vraiment et fortement. Et qu’elle ne fut pas ma joie que de monter les marches à leur côté (enfin juste devant eux de quelques minutes quoi !)
  • Ce sont donc les grandes retrouvailles depuis leur première et unique rencontre jusque là dans le Loulou de Maurice Pialat que j’ai d’ailleurs découvert peu de temps avant de venir à Cannes.
  • Le pitch du film déjà, que j’adore : dans la lettre qu’il laisse avant de se suicider, Michael demande à ses parents, divorcés depuis des lustres, et qui ne se sont jamais revus depuis lors, de se retrouver dans la vallée de la mort tel jour, là il leur promet de réapparaître et tous les trois pourront se voir, passer un ultime instant ensemble.
  • Le film a été tourné sur place dans La Vallée de la mort donc, aux Etats Unis et l’empreinte du lieu est très forte durant tout le film. La chaleur est étouffante et est un marqueur très fort du film et de l’intrigue.
  • Le réalisateur, ravi sans aucun doute, d’être parvenu à « obtenir » ces deux monstres sacrés du cinéma pour son film s’est éclaté et a réussi avec brio à ne pas les faire jouer en ce sens où ils nous donnent, tous deux, la sensation de jouer leur propre rôle. Ils portent d’ailleurs leur propre prénom, un locataire de l’hôtel dans lequel ils séjournent croit reconnaître Gérard « cet immense acteur français » et ce dernier lui confirme que c’est bien lui, qu’il est né à Châteauroux et j’en passe. Jouissif ! Isabelle H quant à elle joue avec l’image que les média et qu’elle même renvoient d’elle : un peu borderline, caractérielle, à la limite de la frigidité. Sublime !
  • Que dire ! Le simple fait de voir ces deux acteurs à l’écran me donne un sourire jusqu’aux oreilles. Je pourrais les regarder des jours entiers.
  • Une pointe de surnaturel saupoudre le film qui n’a d’autre but que de rappeler à quel point ces deux là sont pieds et poings liés par cette vie, cet enfant qu’ils ont eu ensemble. C’est très beau.
  • La mise en scène est sublime : les grandes étendues américaines sont filmées avec une vraie densité et puis la « superposition » de ces deux corps l’un si massif et l’autre si fragile apporte une vraie poésie.
  • Ce film est une nouvelle preuve qu’il est possible de faire de la magie avec des mots, des sensations, trois fois rien en somme mais un « trois fois rien » qui fait tout.
  • Simple et puissant
  • Et puis pour conclure, voir ce film au second rang (très bien placée) du Grand Théâtre Lumière avec la présence de Gérard et Isabelle (plus d’autres personnalités dont Agnès Varda and co) est une expérience assez incroyable et terriblement forte.
  • Le cinéma est donc cette expérience commune qui réunit des inconnus dans un même lieu, face à une même œuvre. S’en suit un sentiment d’unification (ou pas d’ailleurs) mais je puis vous dire que je suis ravie d’avoir été unifiée à Gégé et Isabelle en ce 68ème Festival de Cannes !

 

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