AMHA (A Mon Humble Avis)

Le souffle

Posted by Barbara GOVAERTS

L’eau, l’air… La vie.

Et la mort aussi.

The Revenant c’est d’abord cette nature, ces éléments qui viennent envahir l’écran.

Luxe calme et volupté semble vouloir nous dire le réalisateur (que j’aime !) lors des premiers plans. Sauf que cet épisode n’est pas pour durer, nous le savons. D’un coup d’un seul, tout s’emballe.

Cette même nature si forte, fragile aussi, capable de donner vie à des tumultes et à mettre en exergue toute son hostilité… feu, orage jusqu’à l’avalanche même.

C’est sur cette ambiguïté, cette dualité que joue le film. Cette même ambiguïté et dualité qui est celle de la vie. Si forte : capable de résister à de grandes épopées, à de grandes souffrances et atrocités, et si fragile : capable de s’en aller en un instant.

Il semble donc, et c’est le point d’ancrage du film, qu’il y ait un élément, une force intrinsèque à l’Homme qui soit en mesure de prendre le pas sur ce pouvoir de vie ou de mort. En un mot : la volonté.

The Revenant vient évoquer, mettre en lumière cette idée même de la volonté extrême qui permet à l’homme de sortir de lui-même, de sa simple « vie d’homme » pour devenir une sorte de surhomme capable de la plus forte des résistances.

Ici, cette volonté s’exprime au travers de la vengeance, seule arme qui maintient en vie notre héros.

C’est à la fois assez proche de l’occulte et très concret et c’est en fait tout le sujet du film au sein duquel se côtoient le divin et les aspirations les plus basses et terre à terre de l’Homme.

Le film est une affaire de survie et de combat. De renaissance aussi : idée rendue concrète par cette scène où Leo, nu (oui) sort, tel un homme nouveau, du cheval éventré dans lequel il aura passé la nuit, prêt à reprendre le combat. Oui occulte, obscure aussi mais puissant et empreint d’une force de vie que nous n’avons pas vue depuis longtemps, filmée de la sorte, au cinéma.

Si la trame du film est cette longue route irriguée par la vengeance, jamais au final le film ne vient justifier l’utilité de cette même vengeance.

[Attention léger spoiler]

J’en veux pour preuve cette scène de fin dans laquelle notre Leo a certes encore le souffle (j’en ai encore des frissons rien que par le souvenir de ces sonorités…) mais sans doute définitivement perdu toute raison de vivre puisque vengeance est faite.

Vous pouvez reprendre la lecture, je ne spoile plus rien du tout, promis

Parce qu’il faut tout de même que je vous parle de Leo. The Revenant : c’est d’abord un réalisateur et un chef op / directeur de la photo qui ont rendu possible cette œuvre cinématographique : à ce stade on peut vraiment parler d’œuvre. C’est une technique et un œil qui ont filmé la nature, les éléments de façon grandiose et rendu la vie quasiment palpable.

A ce titre j’ai été étonnée de sortir du film à un court instant et de penser – en plein milieu du film – au tournage, aux conditions de tournage et aux acteurs. En temps normal vous me l’accordez, ce n’est pas vraiment bon signe de sortir du film et d’avoir conscience d’être au cinéma mais là, étrangement, ça m’a permis de percevoir les multiples nuances du film et toute sa densité. La performance que livre Leo est incroyable. Je pense qu’avec n’importe quel autre acteur, certaines scènes auraient pu tourner au ridicule… too much, trop osé, pas assez naturel.

Mais il faut le voir se mouvoir, exprimer tant de choses via son corps, sa gestuelle, son regard, ses bruits… Son langage, sa façon de communiquer passent par autre chose que les mots.

Au final, on est au cinéma, dans un pur film de cinéma mais c’est la vie que l’on voit à l’écran.

C’est mystique et c’est concret à la fois. Et c’est fort.

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2 thoughts on “Le souffle

  1. Avocat paris

    Jolie prestation de Caprio, mais il manque à ce film un tout petit grain d’ambition pour donner au moins un scène de grande envergure qui reste dans la mémoire du cinéma. The Revenant possède tous les ingrédients du divertissement hyper immersif mais manque de l’inventivité brute qui aurait pu en faire un grand film

  2. Barbara GOVAERTS

    la scène de l’ourse n’est elle pas cette grande scène que vous évoquez et qui pourrait rester dans l’histoire collective du cinéma ? Tout de même : elle est bluffante ! Tournée en plan séquence avec un sens du réalisme assez incroyable !
    merci pour votre com 🙂

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