AMHA (A Mon Humble Avis), Festivals de Cinéma

Cannes 2025 – mon J3

Posted by Barbara GOVAERTS

L’agent secret de Kleber Mendonça Filho. Présenté en compétition officielle.

Voilà bien un réal que j’ai découvert grâce au festival de Cannes. Comme son Aquarius m’avait plu et emmenée !

Dès les premières minutes du film j’étais emportée. Cette coccinelle jaune, cette station essence. Cette chaleur plombante et cet homme là… mort, en plein milieu… La police qui se renseigne. Le carnaval tout autour. Quelle ambiance ! Le Brésil des 20’s qui se heurte à son passé.

Et au centre, cet agent secret qui remonte les pistes. Qui dit l’évolution d’une société. C’est dense… ample et étonnant avec l’insertion notamment de cette séquence qui mêle horreur et gore… Comme pour dire l’intrication entre ces deux mondes : celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Ce présent qui se nourrit de ce passé.

Et cette fin riche d’une nostalgie bien amenée. C’est cela le cinéma de Mendonça et c’est bien beau !

Un poeta de Simón MESA SOTO. Présenté à Un Certain Regard. A obtenu le Prix du Jury.

L’obsession d’Oscar Restrepo pour la poésie ne lui a pas apporté la gloire. Fantasque et vieillissant, il a succombé au cliché du poète maudit. La rencontre avec Yurlady, une adolescente aux origines modestes en qui il voit un potentiel grandissant, apporte un peu de lumière à son quotidien. Mais l’entraîner dans le monde des poètes n’est peut-être pas la meilleure voie à suivre.

Joie que ce film vu en last minute. Il n’était pas à mon programme et quel bonheur qu’il s’y soit inscrit. Soit ce poète maudit des temps modernes. Las de n’avoir jamais vu ni la richesse, ni la célébrité véritablement frapper à sa porte. Il déambule, il végète… Sa fille, adolescente, le rejette quelque peu. Son ex femme le tient à distance. La lose.

Jusqu’à l’arrivée dans sa vie de cette jeune femme emplie d’une source de vie et d’écriture. Il y voit l’occasion de se poser là, en pygmalion.

Le tout pourrait tomber dans le panneau du complaisant mais reste à bonne distance à chaque instant. Quel prix mérité ! C’est très humain et très cinématographique, en ce sens, où la narration est toujours au service des personnages. Qui irradient. A commencer par le personnage principal, d’un charme sans commune mesure. Tout complexé qu’il est, il en devient touchant et puissant à nos yeux tant il se présente à nous sans aucun faux semblant. Une preuve s’il en est qu’il s’agit là de l’unique façon valable de se présenter au monde. La plus difficile aussi. Grande réussite !

Romeria de Carla Simon. Présenté en compétition officielle.

Afin d’obtenir un document d’état civil pour ses études supérieures, Marina, adoptée depuis l’enfance, doit renouer avec une partie de sa véritable famille. Guidée par le journal intime de sa mère qui ne l’a jamais quitté, elle se rend sur la côte atlantique et rencontre tout un pan de sa famille paternelle qu’elle ne connait pas. L’arrivée de Marina va faire ressurgir le passé. En ravivant le souvenir de ses parents, elle va découvrir les secrets de cette famille, les non-dits et les hontes…

Romeria ou une énième et nouvelle façon de dire la quête de soi.

Je garde de ce film le souvenir d’un sentiment d’appartenance grandissant. D’abord étrangère, je me suis sentie partie prenante du parcours de vie de Marina, cette jeune femme en recherche. De l’histoire de ses parents, dont elle ignore tout, pour se faire sa propre histoire.

C’est pur dans le propos et le procédé, d’autant plus sachant le fond du sujet. Ces malades du sida que l’on cachait. J’aime que cette nouvelle génération qui arrive – et dont les parents sont les premiers à être partis des suites de cette maladie alors qu’on en ignorait encore tout – cherche à remettre l’église au milieu du village, et rende un fier hommage à cette génération sacrifiée.

Un beau travail de mémoire d’utilité publique… et clairement, dans ce cas précis, cinématographique.

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