AMHA (A Mon Humble Avis)

Babylon

Posted by Barbara GOVAERTS

Si la plupart des media prennent le parti de parler de Babylon par le prisme des débuts d’Hollywood et de la fièvre décadente qui irriguait le milieu dans les années 20, ce n’est pas mon parti pris.

Le film va, selon moi, au delà (mais ce n’est pas pour autant qu’il me plait davantage).

Il dit surtout la difficulté de se situer à un carrefour. A une période de transition. De celles qui créent le blocage, durant lesquelles il ne se passe pas grand chose. Lorsque l’existant est remis en cause, lorsque la nouveauté peine à percer…

Une sorte de stand by et un potentiel gros chaos.

Laisser la place à la nouveauté. En voilà une gageur. Si tous sommes enclins à « laisser l’accès libre à la nouveauté, au progrès », il semble que les choses ne se passent pas si simplement dans les faits. Car le changement fait peur. Il en faut du courage pour sortir d’une zone de confort et embrasser l’altération.

Mais n’allons pas trop loin, le film ne se niche pas véritablement au niveau de ce questionnement là.

Lorsqu’il est question d’art, comme il en est question ici, (le film se situe à la période de transition entre le cinéma muet et le cinéma parlant NDLR) je crois en l’importance majeure du progrès qu’il faut accueillir et en lequel il faut croire, je crois aussi en l’importance du passé qui nous donne des bases solides. Tout remettre en question n’est jamais positif. Le cinéma parlant s’est servi des bases du cinéma muet. Tout tient sur une ligne… il y a un fil conducteur. Le présent se nourrit du passé. Le film montre cela.

Mais plus encore, il montre les bouleversements et les peurs intrinsèques à ce changement. Que faire désormais de cette voix trop aigüe qui vacille et qui n’était pas un élément pris en compte jusque là ? Que faire de cette collaboratrice qui rédigeait les intertitres maintenant que les acteurs/trices ont un texte à réciter ?

Si à ce moment de la lecture vous avez une impression de déjà vu, c’est normal. Vous devez penser à The Artist (pour l’histoire tissée autour du passage du cinéma muet au parlant) et à The Great Gatsby (pour le côté festif et dionysiaque). Babylon recoupe les deux.

Pour le reste, ce film reprend le classique modèle (bien américain) du « rise and fall » (comprenez : l’ascension rapide suivie d’une chute assez brutale) et étaye les différents sujets chers au coeur de Damien Chazelle (La La Land) à savoir : l’opulence hollywoodienne, la musique jazz, la gloire et le succès qui use l’amour et sépare ceux qui s’aiment.

Mais il dit aussi la présence de femmes aux manettes dès les premières heures du cinéma, et cet art nouveau avant qu’il ne devienne une industrie. Ces frasques étaient alors possible car rien ne régissait le cinéma. Babylon dit « ce monde d’avant », ce monde sans code ni mesure et oppression. La liberté portait un nom : celui d’Hollywood et des passionnés, alors éblouis par la lumière qui s’en échappait, et qui peuplaient cette contrée à la fois exotique et excentrique au possible.

Je crois voir dans cet opus l’illustration d’un rapport amour haine avec hollywood. Et c’est exactement là que le réal place son curseur.

Et c’est un peu ce que je ressens vis à vis du film. Je n’ai pas boudé mon plaisir face au ce « grand spectacle » haut en couleurs ! Si les fêtes sont bien filmées – voire même très bien – de même que les concerts (oui, Damien Chazelle aime la musique, c’est certain), j’ai été également agacée par ce film aux 1000000 scènes et plans. Ça va vite ! Trop vite ! A t-on seulement l’occasion de se poser et d’apprécier par moment ?

Je garderai en mémoire la sortie de scène étonnante du personnage de Margot Robbie qui est sans doute mon passage préféré tant il est teinté de délicatesse et de poésie. On ne pouvait en effet pas imaginer autre destin que de la voir s’enfoncer dans cet épais manteau noir. Les ténèbres n’ont jamais été loin de cet écrin festif et flamboyant qu’est Hollywood.

Reste cet amour réel et profond pour le cinéma, cet art fait de bric et de broc qui use tant d’inventivité, de créativité et de tout ce qui émane de la vie… Et l’admiration ébahie qui va de pair avec cette invention incroyable !

Gageons que lui, ne cessera jamais de nous émerveiller, de nous bouleverser, de nous transporter. C’est vraiment tout ce que l’on souhaite.

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