Quel réalisme ! C’est de prime abord ce que je garde de ce film exquis et d’une liberté sans nom. Un film qui offre un souffle nouveau au film de groupe et surtout, aux relations amoureuses hétérosexuelles, telles qu’elles sont filmées aujourd’hui.
Film de groupe, émancipation et quête de liberté, Marseille, jeunesse, désir, tension, triangle amoureux… Il faut dire que tous les ingrédients sont là pour attirer mon attention. Pourtant, je suis totalement passée à côté de ce film projeté à Cannes en mai dernier à la Quinzaine. Je ne connais rien de la réal ni de ces jeunes acteurs non professionnels – si ce n’est un déjà repéré quelque part… Mais où ? La rencontre est presque quasi totale.

Les files désir (un titre pareil, déjà !) raconte la vie d’Omar et de ses amis, animateurs dans un centre aéré dans les quartiers, à Marseille.
Omar aime Yasmine et tous les deux comptent se marier. Ils sont jeunes, à peine majeurs, mais c’est leur destin, et la route qu’ils ont choisis, tous deux, d’emprunter. Autour d’eux, les potes, les collègues comme on aime à s’appeler à Marseille. Et ça chante, ça drague, ça papote… Ca vit !
Un jour Carmen revient au bercail. Après 7 années d’absence. De certains diront, 7 années d’errance. Carmen a quitté le nid, elle s’est prostituée à Nice. Elle revient alors à Marseille avec l’envie d’une nouvelle étape de vie, plus calme, plus « carré ».
Les choses se compliquent en ce sens où Omar aime particulièrement Carmen. Et vice versa. On ne sait trop, au début, la nature de leur relation mais une chose est sure : Omar protègera Carmen coute que coute.
D’où quelques petites dissonances. Avec Yasmine qui peine à trouver sa place au sein de ce triangle amoureux. Et au sein du groupe qui se trouve quelque peu disloqué par la présence, opportune, de Carmen.
Le film veut dire le besoin pour de nombreux jeunes hommes de se libérer émotionnellement, en même temps qu’ils se libèrent des carcans au sein desquels ils ont été élevés, biberonnés. Il existerait alors deux catégories de femmes : celles bonnes à marier, et les autres.
C’est sans compter la nouvelle génération (en tant que quarantenaire presque boomeuse, j’aime à les appeler comme ça, mes filles en somme !) qui débarque ! Elle est là, avec ses idéaux, son envie d’en découdre et sa soif de dire sa liberté propre. Sa liberté qui ne dépend, désormais, plus des hommes et de leur volonté, de leurs dires.
Je viens d’un temps où les réputations étaient faites et défaites par les garçons uniquement... Aujourd’hui, rien de tout cela. Les jeunes femmes tiennent leur rang, et pas de la façon dont les garçons le pensent. Elles se regardent, se toisent parfois mais uniquement pou se soutenir, faire front. Et ça me touche ! Ca me touche beaucoup de voir ces jeunes femmes, pas apeurées pour autant de tomber amoureuse ou de faire plaisir à un homme mais toujours avec la recherche de son bonheur, de son plaisir avant tout.

Et c’est ainsi que le film prend une toute autre tournure. On délaisse alors le couple fondateur formé par Omar et Yasmine, pour s’immerger dans l’amitié nouvelle, pure, coupée de tout vice et de tout préjugé, qui unit Carmen et Yasmine. De la fameuse sororité, bienfaitrice. Dont on tant besoin.

Et elles sont belles à voir. Et le regard qu’elles portent l’une sur l’autre m’a donné envie de croire, à nouveau, en l’humanité. Rien de moins.

Courrez voir cette pépite lumineuse, à la vérité contagieuse. Il y a du bien qui vient. L’horizon promet encore de la beauté. Et une liberté. Véritable.