Voilà un réal que j’ai découvert grâce au festival de Cannes. Comme son Aquarius m’avait plu et emmenée !
Kleber Mendonza Filho nous livre son nouveau film, sa nouvelle prouesse. Du cinéma qui ne cherche jamais l’esbrouffe, qui prend son temps, qui nous cultive, nous amuse et nous emporte. De l’art de fabriquer des oeuvres, des vraies.
Ce ton carnavalesque pour dire les conséquence d’une dictature sur un pays, sur plusieurs générations, m’a vraiment entousiasmée.
Dès les premières minutes du film, je suis emportée. Cette coccinelle jaune, cette station essence. Cette chaleur plombante et cet homme là… mort, en plein milieu… La police qui se renseigne. Le carnaval tout autour. Quelle ambiance !
Et au centre, cet homme qui n’a d’agent secret que le titre, qui remonte les pistes.
C’est dense… ample et étonnant avec l’insertion notamment de cette séquence qui mêle horreur et gore… Comme pour dire l’intrication entre ces deux mondes : celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Ce présent qui se nourrit de ce passé.
Ce film c’est en fait le Brésil des 70’s qui se heurte à son passé. C’est aussi cette réflexion sur l’enseignement de l’Histoire qui nous est fait. Comment les faits médiatiques nous sont-ils contés, rapportés ?
Tout dans ce film dit l’évolution d’une société, la passation d’une génération à une autre. La filiation père / fils est d’ailleurs au coeur du film via des binomes divers au sein des desquels on transmet soit la haine de l’autre et l’amour de la vandeta punitive – chez ces tueurs à gage, ou alors le respect du travail, l’amour du cinéma et la mise en sécurité (chez Marcelo / Armando et ses beaux-parents qui s’occupent et élèvent le petit Fernando, fils de Marcelo / Armando).
Et cette fin riche d’une nostalgie bien amenée.
C’est tout cela le cinéma de Mendonça : c’est sinueux et c’est bien beau !
