Je ne suis généralement pas du genre à me ruer vers les films d’époque. Je ne saurais vous dire alors pourquoi celui là m’a aussitôt intriguée.
Je ne connais rien du roman duquel ce film s’inspire, c’est sa bande annonce qui m’a intriguée. Elle dit déjà beaucoup du sujet du film, de la tournure que prendra « cette affaire », et il s’en dégage quelque chose de très doux et de très violent à la fois. C’est sans aucun doute cette dualité qui m’a happée.
Ce titre déjà : La condition est équivoque et s’apparente à plusieurs entrées dans le dictionnaire. Il est à l’image du film qui ouvre vers une intrigue secondaire qui fait la part belle à l’émancipation de la femme.
C’est là tout le sujet du film. Il est là, latent, sous jacent. Il veut dire le besoin suprême de libérer la femme des carcans dans lequels la société la place depuis trop longtemps désormais.

Le film joue sur cette corde sensible, sur ce lien fin prêt à se briser mais qui tient encore… Car le patriarcat à le dos courbé mais résiste…
Je le disais, le film donne la sensation d’une oeuvre faite dans la douceur, dans une douce lueur lorsqu’en vérité, le fond est noir, dur, douloureux. Les femmes aussi bien traitées soient-elles ne sont jamais véritablement à la place à laquelle elles aimeraient être.
Le personnage incarné par Swan Arlaud exprime la virilité blessée. Loin d’être un pur bourreau, il est un homme, un mari frustré qui ne sait comment parvenir à trouver sa place, sa véritable place. La société la lui donne naturellement : il est l’homme de la maison, la personne « en charge » mais il sait qu’auprès de sa femme, il ne représente que peu de choses… Elle se refuse à lui, il est par ailleurs soumis à une mère castratrice… En cela, le film est une illustration claire et révélatrice des limites du patriarcat et du positionnement des hommes qui ne seraient en fait que des produits formattés.
C’est alors une colère sourde et contenue que révèle ce film d’une subtile radicalité.
