AMHA (A Mon Humble Avis), Festivals de Cinéma

Enzo

Posted by Barbara GOVAERTS

Le geste est fort. Laurent Cantet (Palmé pour Entre les murs) est mort avant d’avoir finalisé le tournage de son film. Son ami Robin Campillo (à qui l’on doit le merveilleux et puissant 120 BPM) a repris les rennes, le projet en main, le relai.

Et c’est un film lumineux qui s’offre à nous et vient dire le sujet de la recherche de soi avec une ferveur qui se mêle à une délicatesse rarement vue.

Lorsqu’on le découvre, Enzo est en train de monter un mur. Il est mal habile, ne semble pas à sa place, n’est pas totalement à ce qu’il fait. Il est là, sous ce soleil de plomb à cacher sa hargne, son mal être. Un mal être propre à son âge, celui auquel on se cherche, auquel on peut chercher à s’opposer pour mieux se découvrir et savoir ce vers quoi on tend. Pour, à termes, avoir l’assurance (si tant est que ce soit seulement possible) de vivre sa propre vie, celle qui émane de nos choix et de nos propres velléités. C’est là vraiment le propre du cinéma de Cantet. Cette humanité pronfonde qu’il avait à coeur de mettre en lumière pour tenter de montrer et de dire qu’il nous faut vivre vraiment. Pas selon des préceptes, pas selon des idées préconcues, par selon ce que les autres attendent de nous… Mais bel et bien vivre sur la seule base de nos propres réflexions, ressentis, souhaits. Vivre avec nos tripes et être en phase avec nous mêmes. Pour alors être en phase avec le monde au sein duquel nous vivons. C’est ce que j’ai toujours ressenti dans le cinéma de Cantet. Et ce que j’ai aimé.

Comment se construit une conscience sociale et sexuelle ? Si tant est que l’un ait à voir avec l’autre. Comment monte t-on les briques de notre vie pour en faire une construction forte et résistante ?

Cet Enzo est d’une pureté sans faille. Il y a une certaine brutalité, une opposition mais c’est là le propre de toute construction.

Si le rôle du père m’a semblé quelque peu déplaisant par endroit, celui de la mère irradie (sublime Elodie Bouchez) et apporte la juste dose d’humanité et de croyance en l’humain dont nous avons tous besoin.

C’est franchement doux quoique rugueux. A l’épreuve de toute vie.

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