AMHA (A Mon Humble Avis)

Cannes 2025 – mon J8

Posted by Barbara GOVAERTS

Siràt. Présenté en compétition officielle. Prix du Jury (Ex-aequo)

Ce J8, samedi 24 mai en l’occurence, est jour de rattrapage. Tous les films de la compétition ont été présentés et nous sommes dans l’attente du palmarès qui sera annoncé le soir même lors de la cérémonie de clotûre.

En attendant, nous avons la possibilité de voir ou revoir les films de la compétition, tous projetés une dernière fois.

J’ai choisi Sirat, film présenté en début de festival qui a grandement fait parler de lui.

Le pitch déjà me plait…

Un père (Sergi López) et son fils parviennent à une rave perdue au cœur des montagnes du sud du Maroc, à la frontière Mauritanienne. Ils cherchent Mar — fille et sœur — disparue depuis plusieurs mois lors de l’une de ces fêtes sans fin. Plongés dans la musique électronique et une liberté brute qui leur est étrangère, ils distribuent inlassablement sa photo. L’espoir s’amenuise, mais ils s’obstinent et suivent un groupe de ravers vers une dernière fête dans le désert. À mesure qu’ils s’enfoncent dans l’immensité, le voyage les confronte à leurs propres limites.

… Et la présence de Sergi Lopez aussi. Je ne saurais expliquer le niveau de sympathie que cet homme m’évoque.

Le film est une étape de vie, rien de moins. Il m’a nourrie d’une telle façon que je n’en suis pas sortie comme j’y étais entrée. Une expérience introspective unique.

J’aime cette sensation. J’aime sentir que les quelque deux heures passées devant un écran m’ont été bénéfiques.

Ici, c’est surtout pour son aspect purement cinématographique : cet aspect sensoriel très puissant via la musique, les scènes chocs, les retournements imprévus… On sent le travail pour parvenir à un film épuré.

En ce sens, les scènes de danse sont filmées avec grâce et c’est toute la puissance de ces teufs qui émane. On sent jusqu’à l’aura des gens. Et l’énergie, que tous ensemble, créent. C’est totalement contemplatif et tellement révélateur. Révélateur de ce qui constitue un humain : de la chair, et des sentiments.

Tout de ce film dit l’envie et le besoin de vivre pleinement. Simplement en somme : juste avec de la musique, de la danse et nos pensées… De relâcher la pression que des sociétés violentes, alentours, nous infligent.

Sirat évoque le besoin de revenir à l’essentiel et la puissance de ces discussions durant lesquelles on se dévoile un peu, on refait le monde, on s’exprime.

Le besoin de s’exprimer… Par quelque biais que ce soit mais dire, montrer, témoigner, extérioriser… Lâcher dans l’univers nos intérieurs, nos inconscients, nos non dits…

En cela le film regorge d’une véritable force de vérité. Qui passe elle même par le ressenti.

J’aime quand le cinéma permet cela. Lorsqu’il capte l’indicible, l’immontrable… Tous ces sentiments enfouis. C’est de l’ordre du surnaturel en fait… Et c’est pourquoi le cinéma me plait tant !

Comment un film, par essence, une production faite avec des acteurs (certes professionnels ou non), des caméras… Bref, qui engage par essence tout un procédé, un processus technique et donc factice… Que tout cela laisse entrer la vie telle qu’elle est… Et tout se joue sur ce que l’on donne à ce que l’on fait. Et il est clair qu’Oliver Laxe y a mis sa moelle. Toute sa spiritualité, son instinct… Il a reussi à embarquer dans cette épopée, dans cette odyssée désertique ses acteurs (pro et non pro) pour qu’ils donnent eux aussi, ce qu’ils ont, leur expérience, leur intérieur…

Et la pellicule a capté tout cela pour donner vie à ce film à nulle autre pareil. Un songe éveillé. Une représentation de l’exil, quelque soit cet exil.

Une expérience de vie.

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