AMHA (A Mon Humble Avis)

Cannes 2025 – mon J5

Posted by Barbara GOVAERTS

Vie privée. Présenté hors compétition.

Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre.

Si ce film est parvenu à m’envelopper de son aura et de l’atmosphère qu’il créé, je ne peux pas dire non plus qu’il m’ait laissé une empreinte indélébile. Je lui reconnais la grâce de mettre en lumière le talent réel de Jodie Foster – une présence assez incroyable ! – qui mêle ici espièglerie et sérieux. J’ai aimé ce combo qui m’a donné la sensation d’en découvrir un peu plus sur la personnalité de cette actrice, de cette femme. Reste ce duo questionnable formé avec Daniel Auteuil et la présence parsemée et fantasmagorique de Virginie Efira.

History of sound. Présenté en compétition officielle.

Lionel est un chanteur talentueux originaire de la campagne du Kentucky. Il a grandi avec les chansons que son père chantait sous le porche. En 1917, il quitte la ferme familiale pour s’inscrire au conservatoire de musique de Boston. Il y rencontre David, un charmant étudiant en composition musicale qui est bientôt appelé à la fin de la guerre. En 1920, tous deux passent un hiver à parcourir les forêts et les îles du Maine, collectant des chansons folkloriques afin de les préserver pour les générations futures. Lionel dérive à travers l’Europe entre 20 et 30 ans, se construisant une nouvelle vie faite de succès et de bonheur, et connaissant de nouvelles amours. Pourtant, il est constamment ramené aux souvenirs de sa brève période avec David, essayant de comprendre l’impact de leur relation. Finalement, un rappel de leur travail commun révèle pourquoi leur connexion a résonné fort.

Comme j’ai aimé ce film au classicisme le plus classico-classique ! Pas du tout le style de film que j’aime particulièrement, ni que je serais allée voir en salle. Mais une belle déambulation au travers des plaines d’Amérique et des décennies. Des décennies et des plaines qui auront vu naitre et vivre l’histoire d’amour contrariée de ces deux hommes que la vie mettra sur le même chemin… puis que la vie séparera.

C’est ce romantisme là que dépeint, que fait vivre le film. Le charme opère et avec, cette réussite totale qui fait vibrer la musique, les sons qui s’en dégagent. Ce travail justement sur la création de sons, l’enregistrement de sonorités créé une grande délicatesse et porte un message qui m’a beaucoup touché et parlé et qui touche à l’universel.

Notre souhait à tous de pouvoir garder dans un bocal, de pouvoir arrêter le temps, de pouvoir maintenir vivants – à jamais – les instants de bonheur, par nature d’une fugacité extrême. Doux et puissant.

Sentimental value. Présenté en compétition officielle. Grand Prix.

Les sœurs Nora et Agnes retrouvent leur père, le charismatique Gustav, un réalisateur de renom qui propose à Nora, actrice de théâtre, un rôle dans ce qu’il espère être son film de retour. Lorsque Nora refuse, elle découvre rapidement qu’il a donné son rôle à une jeune star hollywoodienne enthousiaste. Soudain, les deux sœurs doivent gérer leur relation compliquée avec leur père et faire face à une star américaine qui se retrouve au beau milieu de leur dynamique familiale complexe.

La relation père-fille explicitée à son paroxysme et avec une puissante subtilité. Et une grâce incommensurable. Joachim Trier (le réalisateur) a trouvé en Renate Reinsve une muse. Une actrice avec qui l’alchimie est immédiate. Ca se sent. Il doit voir en elle des choses intimes pour qu’une telle affabilité se dégage d’elle, et de son jeu.

C’est vrai et jamais dans le pathos… Alors qu’il est question de faits graves (de tentative de suicide pour ne pas le dire) mais les traits de caractère de chacun et surtout la nature des liens qui unissent les membres de cette famille (notamment les deux soeurs et les filles et leur père) sont dépeintes avec une véritable finesse. Le trait est pur et résonne donc.

C’est une histoire de famille, propre à cette famille, mais qui tend vers l’universel. Tout un chacun peut s’y retrouver. Pour une simple et unique raison : elle nous dit que rien n’est linéaire, qu’on peut aimer mais ne pas savoir le dire ni le montrer… Elle dit aussi qu’on porte en nous, et malgré nous, les traumas et autres lourdeurs du passé. Ce film détricote tout cela et notre respiration se fait plus légère au fur et à mesure de l’avancée du film. Une vraie catharsis.

Et un bonheur de cinéma avec ces choix de mise en scène. Le cinéma dans le cinéma. Ici, clairement une double dose de bonheur.

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