AMHA (A Mon Humble Avis), Festivals de Cinéma

Dossier 137

Posted by Barbara GOVAERTS

« Si tout le monde pense que le point de vue de l’autre est hostile, comment on tient ensemble ? »

Comme j’aime ce film, documenté, fouillé et circonstancié, à l’image de l’enquête menée par cette chef de l’IGPN (la dite « Police des Polices ») mais jamais implacable car augmenté d’une bonne once d’humanité.

Ce qui sera d’ailleurs reproché à cette enquêtrice, mais que je ne reproche absolument pas au film. Il en tire toute sa substantifique moelle.

Sous ses aspects de film maitrisé, quasi clinique, ce Dossier 137 ouvre la voie à une véritable réflexion fondée sur la nature et la portée des violences policières.

La qualité du film vaut par son écriture, au cordeau, ciselée et toujours empreinte d’une force de vérité impressionnante. Et disons le, au jeu de Léa Drucker, qui n’a de cesse de m’épater tant elle manie tout à la fois la neutralité totale de jeu, à laquelle elle vient imbriquer des phases d’émotions sans commune mesure.

Je le disais, le film relate l’enquête visant un groupe de la BRI ayant blessé un jeu homme lors d’une manifestation. Par soucis de didactisme, le réal affute le rythme de son film pour nous en donner un récit millimêtré qui nous emmêne au coeur même de la quête de vérité : analyse des preuves existantes, recherche et interrogation de témoins… tout y est pour un réalisme des plus prégnant et poignant. Car disons le, nous faisons face à des abus de pouvoir averés, des manquements d’humanité réels.

J’aime par ailleurs que le film illustre en parralèle la légèreté d’esprit de la famille se rendant à Paris pour manifester paisiblement, pour dire haut le ras le bol d’une société qui paie au rabais des postes pourtant porteurs (ici le corps médical). Arrêtons les raccourcis : être manifestant est un droit constitutionnel en France, et cela ne signifie aucunement être « casseur », vouloir en découvre avec les forces de police… C’est bel et bien, et pour la grande majorité des français, une occasion de dire ses doléances, de se regrouper, de trouver du réconfort dans le clan, dans une bande…

Non, le groupe ne signifie pas systématiquement violence et rebellion. Arrêtons les raccourcis et simplifications fausses !

En cela le film n’est ni un pur pamphlet anti flic, ni un film bisounours. Il livre une vérité : notre société n’est pas violente en soi. Elle est un magma de violence, d’humanité, de bassesses et de grandeurs d’ames… Tout se cotoie encore. Seul quelques media enragés voulant créer le chaos ne relatent que le négatif.

Reste cependant ce questionnement en ballotement. Que sommes nous, nous citoyens, face au pouvoir d’Etat ?

Qu’est et que signifie aujourd’hui, en 2025, l’Etat ? Est-il seulement là pour nous représenter, nous protéger ? Rien n’est moins sûr.

Et ce n’est pas de la fiction.

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