Je suis contente de renouer avec le cinéma de Stéphane Demoustier que j’ai découvert avec La fille au bracelet, film de procès qui m’avait beaucoup plu. J’aime son cinéma qui décortique les personnalités, les émotions… les entités humaines.
Je ne savais rien de ce que je venais voir ici (j’ai vu ce film à Cannes en mai dernier) et découvrir ce choix d’acteurs, à commencer par Xavier Dolan : excellent dans le rôle du conseiller du président fut un plaisir. De même que la découverte du sujet du film dont j’ignorais tout.
A moi l’escapade jusqu’à la Défense (quartier que je zappe tant que faire se peut) pour voir d’un oeil nouveau ce cube, cette arche ! Cette perspective…
Ce film, très bien ficelé, me laisse le gout charmant du vintage très bien amené. Dans cet écrin parfaitement maitrisé, ce sont les rêves d’une vie, d’un homme, que l’on voit s’envoler peu à peu. La chute est puissante tant le réal ne fait pas dans le faux semblant et vient nous dire haut et fort, et de façon implacable, que la politique n’aide pas nos vies, qu’elle ne vise en rien à la simplifier ou à l’embellir… Elle vient au contraire se frotter à nos idéaux, pour les heurter et finalement, les briser.
Le capitalisme, la privatisation sont des fléaux nous dit-il contre lesquels viennent mourir les belles idées des plus honnêtes et sincères personnes. Ici un artiste dans sa plus pure manufacture. Un architecte vivant reclus, loin des mondanités et des paillettes. L’acteur danois découvert dans la palme d’Or The Square est entré dans ce rôle comme on semble entrer en religion avec un sérieux et un don d’incarnation très forts.
C’est un grand oui pour ce film au sujet somme toute daté mais fortement ancré dans notre réalité sociale et politique actuelle.
Terriblement français mais porteur d’un message universel. La puissance du cinéma capable de transcender les frontières du temps, les frontières physiques.
L’art qui se heurte au réel.
