AMHA (A Mon Humble Avis)

Chien 51

Posted by Barbara GOVAERTS

Dans un futur proche (le synopsis du film parle de 2045), Paris est divisé en trois zones : au centre les ultras riches, dans les contours la classe moyenne, au delà du périph : les pauvres, drogués, prostituées… Les laissés-pour-compte d’une société qui semble avoir perdu toute humanité, ou presque.

Au coeur de cette organisation nationale, le ministre de l’intérieur qui a tous les pouvoirs (on ne parle plus de président de la république, intéressant !) et Alma : une IA (intelligence artificielle) qui gère au quotidien tout ce qui a trait aux questions de sécurité.

Car pour le gouvernement en place, au cœur de cette histoire dystopique (mais n’est ce pas là, la juste évolution de notre société actuelle) rien n’est plus important que la sécurité du citoyen, or la société n’a jamais été autant liberticide.

Des barages et autres checkpoints quadrillent la ville et chaque citoyen porte un bracelet qui, une fois scanné, indique son identité, la zone à laquelle il est relié, et on peut imaginer ses antécédents judiciaires, et toute information utile à la police. Car cette dernière est omniprésente. A chaque coin de rue. Ainsi une personne de la zone 2 qui travaille en zone 1 doit chaque matin passer la zone de contrôle et ainsi justifier d’une identité valide et reconnue. Bienvenue dans Big Brother version Minority Report.

Bac Nord et Novembre, du même réalisateur, m’avaient tous deux laissée sur le carreau, car trop de violence mal maitrisée, et ce goût rance d’un intérêt trop poussé à mon gout pour la police sans que jamais je ne parvienne à comprendre, vraiment, de quel côté le réal se situait…

Il m’emmène cette fois, dans sa fiction et ce, dès la scène d’introduction du film qui semble vouloir nous endormir pour, quelques minutes plus tard, nous offrir notre premier sursaut. J’aime le message véhiculé et le parallèle fait avec la société qui semble vouloir nous endormir pour ensuite nous donner des coups de massue, et la sensation avec, d’être face à un film de cinéma de genre qui utilise tous les artifices pour me faire croire à ce que je vois.

La tension est bien marquée et menée tout le film durant. Les décors : ce Paris qui nous semble à la fois si familier et si distant…, les courses poursuites en voiture, ou à pied, l’intrigue elle même : tout me plait et me fait dire que ce cinéma là n’a rien à envier au cinéma américain.

Et puis le duo Lellouche x Exarchopoulous. Tous deux ne figurent pas parmi mes acteurs préférés mais ils trouvent ici un rôle à leur mesure, qu’ils incarnent avec fougue et tendresse. Elle, la transfuge de classe devenue orpheline « sans le savoir » qui file droit par sens du devoir en zone 2, lui flic blasé et insomniaque de la zone 3, abimé par toute la souffrance qu’il voit au quotidien mais toujours emprunt de son humanité. Il est touchant, et leur rencontre, puis la relation professionnelle qu’ils noueront n’aura de cesse de nous guider à la fois vers les limites, les bas-fonds de cette société digitalisée dans laquelle on a laissé les machines prendre le pouvoir, mais aussi – et c’est ce qui donne au film son aura – vers la lumière… et jusqu’à la mer.

Avec des scènes et de beaux personnages (la femme médecin, la jeune femme sdf) qui disent le besoin de l’échange, de la parole, du partage, de l’entraide aussi… Et ce, sans faux semblant, avec une étonnante délicatesse par endroit, et sans jamais trop en montrer.

Une difficile cohabitation nous attend.

Tant que l’Homme sera Homme…

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