Diagonale du vide. Trois amis de longue date. Tony est devenu le roi du BTP, Mika et Dan les rois de rien du tout. Ils ont beaucoup de rêves et pas beaucoup de chance. Après un nouveau plan raté, ils doivent bosser pour Tony dans une poubelle nucléaire.
Quelle surprise (bonne) que ce film !
Pas tant que ça lorsqu’on connait le talent du réalisateur pour faire émerger une véritable âme dans ses films. Il nous a déjà offert l’étonnant Petit paysan qui humanisait comme rarement cet homme, éleveur de vaches laitières.
Il nous présente cette fois ce trio : je dois avouer que c’est surtout le duo Paul Kircher x Idir Azougli qui m’a happée. Un duo d’amis de longue date et de galère comme je n’en ai pas vu depuis longtemps. Amis de longue date mais encore bien jeunes, une petite trentaine, et déjà bien confrontés aux duretés de la vie.
Cette région où rien ne semble se passer, qui ne leur offre aucune opportunité d’aller de l’avant ni même de lever les yeux vers le ciel… Une sorte de stagnation, de résignation semble s’être installée en eux.
Pas vraiment chez Daniel qui veut en découdre avec le déterminisme auquel la société semble vouloir le confronter. Car il a un rêve : reprendre un chenil sur l’ile de la Réunion. Et rien ne l’en empêchera. Le film s’ouvre sur cet espoir.
En chemin, c’est à la réalité que Daniel devra se confronter. Et elle n’est pas belle, ne lui réserve pas vraiment de belles surprises. Lui, déjà pourtant bien abimé par des années de galère.
J’aime que le réal évoque la question de l’alcoolisme chez les jeunes. On associe encore trop cette addiction aux générations plus anciennes et on a tendance, je trouve, à banaliser le sujet chez les jeunes. En se disant que ce sont les excès de la jeunesse. La réalité c’est que dans bien des zones laissées pour compte, c’est là, la seule échappatoire et elle créé bien des dégâts. Parfois irréversibles. Cet alcolisme est ici l’allégorie de la difficulté de vie à laquelle ces jeunes sont confrontés et tout autant la résultante de cette vie dénuée de but.
Il devra alors tomber au plus bas pour se relever enfin. Et devoir quitter son quotidien, s’en éloigner pour tenter de se sauver. Difficile décision à prendre lorsque rien d’autre ne semble nous attendre ailleurs… Il lui en faudra de l’abnégation et de l’espoir pour oser quitter ses amitiés, sa vie même, alors que cela semble être la seule chose qui le retient ici… pour se construire.
Mais il n’y a rien de plombant ni de déterministe là dedans. Au contraire, c’est là le parcours d’un jeune homme en marche, en quête, en vie.
