AMHA (A Mon Humble Avis)

Les tourmentés

Posted by Barbara GOVAERTS

Que vaut la vie d’un homme ? C’est la question que pose ce film, adaptation du roman éponyme écrit par le même Lucas Belvaux qui réalise ce film.

Il a écrit ce livre durant la période de confinement et je me demande bien d’où lui est venue cette idée !

Car si le film pose la question de la valeur d’une vie humaine, il la pose de façon frontale et totalement au premier degrès.

Quelle somme demanderiez-vous pour que l’on prenne votre vie ?

Cet ancien légionaire demande, lui, 3 millions. Soit.

Le film s’ouvre sur une atmosphère lourde et pesante. Un homme sort de la hutte dans laquelle il s’est installé à l’orée des bois, près de là où son ancienne compagne et ses deux garçons vivent. On apprendra au cours du film qu’il est revenu traumatisé d’expéditions lointaines et violentes, du temps où il était engagé dans la légion, et qu’il se laisse désormais aller à une vie de nomade. Qu’il s’est désociabilisé et clochardisé.

Le film prend un tournant tout à fait exceptionnel lorsque cet homme désabusé croise la route de « Madame ».

Madame est une riche femme passionnée de chasse. Oui littéralement. Elle dit avoir chassé tous les types de gibiers exisitants sur cette planète. Et a un dernier souhait. Chasser un gibier humain. On frôle l’indécence, l’inhumain, l’immoralité, l’inconvenence.

Et pourtant le film trace sa route sur ce segment là. Il avance sur le fil, mais de façon plutôt bien orchestrée. Sans que le propos ne soit jamais imbitable, insoutenable.

Il est certes question de la vie d’un homme que l’on monnaie et il n’y a sans doute rien de plus inconvenant que ce sujet là, taboo en soi. Mais le film parvient à questionner justement la valeur d’une vie. Vivons nous notre vie à sa juste valeur ?

Par ailleurs, si le film ne nous rebute pas, c’est qu’il met en scène un renouveau, une et des renaissances.

Ces êtres là : que lui soit réduit à l’état de pauvreté et de clochard, ou qu’elle soit une riche femme cultivée, sont des êtres perdus. Des êtres qui se sont sacrifiés eux mêmes sur l’autel de la vie et de la sociabilisation.

Mais le film nous dit qu’il existe toujours une faille quelque part, capable de pouvoir laisser entrer la lumière.

Le film capte cela.

Et la lumière revient alors au creux de leur vie à chacun.

Ce n’est pas bien aimable, mais certainement intriguant et audacieux. Lucas Belvaux s’est aventuré sur des terres où bien peu sont allés avant lui pour nous livrer ce conte tout à la fois mal aimbable mais empli d’une vraie dose de psychologie humaine qu’il est intéressant de disséquer.

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