Il y a quelque chose de l’ordre de l’onirique dans ce nouveau film signé Alex Lutz. Quelque chose d’onirique quoique très ancré dans la réalité du terrain.
Et je pense que ce sont là les deux univers, celui de Nicolas Mathieu qui signe le roman original : pour moi très ancré dans le réel, qui dit et illustre cette réalité du terrain que j’évoque plus haut, et celui d’Alex Lutz qui réalise cette adaptation à l’atmosphère rêveuse.
Entre les deux, une ligne de force magnétique qui vient tantôt nous emporter du côté du songe, tantôt qui nous ramène vers le réel.
Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une grande lectrice de romans. Je compte m’y remettre et ce fut chose faite cet été avec la lecture de ce roman signé Nicolas Mathieu et édité chez Actes Sud… Je comprends donc qu’il ait attiré mon regard sitôt arrivée dans cette librairie arlésienne de renom. C’était en plus sans compter sur son adaptation à l’écran.
Si j’ai eu plaisir à redécouvrir le travail que réalise notre cerveau à nous permettre de visualiser ce que nous lisons : cette capacité d’imagination est formidable ! j’avais encore plus d’attente à découvrir ce qu’un réalisateur pouvait faire de cette histoire qui se déroule au fil des pages, de ces personnages qui prennent vie mot après mot, et de ces situations de vie imaginées…
Le cinéma est donc un art qui utilise, reprend les codes d’autres arts. L’art des arts !
Mais parlons un peu de ce film donc !
J’ai été étonnée que le réal plonge son personnage féminin dans une telle souffrance… Je ne l’avais pas perçue aussi fragile, aussi fragilisée par la vie. Aussi éloignée d’elle même.
Et c’est justement ce qui m’avait happé dans le synopsis du livre…. Cette jeune femme attirée comme un papillon par les lumières de Paris, ne voyant pas de suite dans sa région natale, sans pour autant renier l’endroit d’où elle vient…
Pour finalement y revenir… abimée par les frasques d’une ville non pas trop bryuante ni envahissante, mais lassée de ne pas y trouver sa place.
C’est là le noyau de toute cette histoire : rester, partir, revenir…. Le tout étant de trouver sa place, où qu’elle soit.
C’est donc avec un fil conducteur empli de tristesse et de gravité que le réal déplie son film, pas forcément pour me plaire.
Si je reconnais au film une vraie identité et une vraie tonalité, je les trouve tout de même un peu lourdes. Des scènes d’atmosphère oui… mais.
Et puis une mélancolie un peu trop poussée, un sens du drame trop développé… Des personnages charmants et cabossés par la vie… oui mais. Jamais totalement admirables quoique aimables. Les acteurs font ce qu’ils peuvent ça oui, mais ça ne suffit pas à faire un bon film. Il manque ici une vraie subtance à mon sens.
Sans doute un peu trop de froufrou pour trop peu de vérité.
Je ne me suis pas retrouvée, non pas que je doive me retrouver dans toutes les histoires que je vois au cinéma. Je ne m’y suis même pas véritablement projetée non plus dira t-on.
Ainsi, sans dire que le film soit foncièrement poussif, je lui ai trouvé un goût mélodramatique trop prononcé, qui n’est pas pour le rendre meilleur. En fait, ça tombe un peu à plat…
Et en amour comme au cinéma, et pour toute chose de la vie, on préfère ce qui résonne.