AMHA (A Mon Humble Avis)

L’épreuve du feu

Posted by Barbara GOVAERTS

Les rapports de classe examinés avec finesse.

Soit Hugo qui invite sa copine dans la maison de ses grands parents dans laquelle il passe ses vacances depuis tout petit, sur une ile. Intéressant choix de mise en scène que de situer cette intrigue sur une ile : lieu difficilement accessible, duquel il est difficile d’arriver et de repartir. Ce choix en fait un huis clos à ciel ouvert.

Sa copine c’est Queen, une esthéticienne venue de Toulon, récemment installée à Paris depuis 1 an. Queen est « nature peinture » comme elle se dépeint elle même, elle a des ongles de 10 cm au moins, porte des robes moulantes et économise pour se faire poser des prothèses mamaires. Ça c’est pour l’enveloppe. L’enveloppe corporelle, physique… celle que l’on donne à voir visuellement à ceux qui nous entourent, que l’on croise….

Si vous me demandez ce que Queen a à l’intérieur…. Je dirais que c’est bien plus dense, ample… Elle porte en elle le naturel de ceux qui ont parfois trop souffert et ont alors décidé de ce montrer tels qu’ils sont, comme pour ne plus prendre le risque de mentir, de tricher… Pour ne pas perdre au change de relations factices. Queen est en tout cas fraiche et pétillante, positive et solaire. Elle donne le sentiment d’embrasser la vie.

Elle est le pivot de cette histoire, le point d’ancrage entre Hugo et ses « amis » d’enfance… Pas véritablement ses amis, les potes qu’il retrouve chaque été durant les vacances.

Cette année Hugo est entre deux feux. Content à l’idée de passer cette semaine en tête à tête avec sa copine « une fille qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir charmer », curieux également de voir quel regard poseront sur lui ses amis lui qui a perdu beaucoup de poids au cours de l’année écoulée (ils l’appelaient « Hugros » ce qui ne manque pas de choquer Queen), et somme toute un peu stressé de ce la présenter à sa troupe estivale. Le choc des cultures sera rude il le sait. Eux, petits bourgeois parisiens très portés sur leur nombril et habitudes. Elle, jugée pour ce qu’elle est censée représenter : la bimbo et toute la légèreté qu’on suppose lui être inhérente. C’est sans compter sur le naturel sincère et réel qui caractérise Queen qui est à l’aise en toute situation, poussée par son ouverture d’esprit et le regard, sincèrement porteur d’intérêt, qu’elle pose sur les gens qui l’entourent.

Le réalisateur filme tout cela avec délicatesse et vérité, sans jamais grossir le trait. En voulant dire l’entre soi réel qui à cours entre les différentes classes sociales. A l’échelle de l’individu, le réal veut dire les cases dans lesquelles on a trop vite de placer les gens selon leur physique, leur attitude… Mais il convient toujours d’aller plus au fond. De prendre le temps de poser un regard vrai sur l’autre, peut-être de tenter l’écoute, et alors l’apprivoisement ou le rapprochement.

C’est alors avec tact et talent que le réal met en lumière notre souhait et notre besoin à tous de validation. Cette validation de l’autre, de son propre clan, mais aussi des autres cellules sociales.

Pour nous dire in fine que seule compte la validation que l’on se donne à soi même et qui doit toujours se faire en parralèle du respect de l’intégrité de l’autre. Quel qu’il soit et d’où qu’il vienne.

Délicat.

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