AMHA (A Mon Humble Avis)

L’accident de piano

Posted by Barbara GOVAERTS

Oh la plaie !

J’aime pourtant le cinéma de Dupieux, que j’ai découvert plutôt tardivement, avec Au poste !

Depuis, je ne manque pas son opus annuel. Parmi ses masterpieces : Le daim : un bijou d’absurdité et Yannick : un bijou d’humanité.

Entre les deux, des films qui me réjouissent, peut être surtout car ils m’ont permis de réaliser que je ne suis pas autant « prem deg » que je ne l’aurais pensé. Mon esprit est capable d’apprécier l’absurde : cette forme de pensée qui, pour moi, est la marque d’une forme d’intelligence supérieure. C’est dire à quel niveau je situe donc Quentin Dupieux et le cinéma qu’il crée.

Cette fois, je suis totalement restée en retrait de son accident de piano, de sa façon de traiter le sujet, sujet pourtant porteur.

Mais rien ne se tient dans ce film d’une pénibilité assez totale.

A commencer par ces notes de piano entêtantes et répétitives qui martèlent l’ambiance lourde et négative d’un film qui veut dire les limites d’une société basée sur le paraître.

Je comprends très clairement le souhait de Dupieux, de dire tout à la fois son incompréhension et son agacement face à cette déconnexion entre notoriété et talent. Ici, Magalie / Magaloche est influenceuse. Née avec une maladie congénitale qui la prive de toute sensation de douleur, elle s’inflige, face caméra, les pires mutilations, pour le plus grand bonheur de son public, de ses fans… Ses fans qui ont fait d’elle une personnalité publique immensément riche. L’ultime réussite de notre époque !

Seulement voilà, Magalie / Magaloche n’a aucun atout. Elle est pénible et désagréable, pas franchement futée, pas vraiment jolie… Et le film s’attarde à nous montrer cela. De façon brute, sans aucune prise de recul.

Je n’y vois donc aucun intérêt.

Reste le personnage joué par Sandrine Kiberlain, dans le rôle de cette journaliste pleine de détermination pour mener à bien la toute première interview de Magalie / Magaloche jusqu’au point de réaliser qu’il n’y a rien à mettre en avant de sa personnalité tout bonnement néfaste et inintéressante. Perdue dans son néant.

Une façon de dire que cette génération est sacrifiée et perdue ? Je trouve le propos un peu limite et regrette que le real nous inflige cette pénibilité.

Et puis arrive la fin, tant attendue, et cette touche de poésie, cette lueur. Enfin une once d’espoir pour la suite ! Mais trop tard, et trop peu pour sauver un film bien trop paresseux.

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