AMHA (A Mon Humble Avis)

Cannes 2025 – mon J7

Posted by Barbara GOVAERTS

Fuori. Présenté en compétition officielle.

Librement inspiré de son récit autobiographique L’Università di Rebibbia, ce film en Compétition prend place dans les années 1980 et raconte l’expérience carcérale cathartique vécue par l’autrice de L’Art de la joie, incarnée avec panache par Valeria Golino.


Je dois dire que je suis plutôt passée à côté de ce film qui ne m’a pas procuré de réelles sensations ni un quelconque intérêt. Dit comme cela, j’ai bien conscience que c’est dur. Si je reconnais à Valeria Golina le charme qui est le sien, rien de cette histoire ne m’a happé. Et je me suis même arrêtée à des détails inutiles du film comme le fait que l’actrice principale porte à sa bouche une tasse de café… sans café. Pour vous dire vers quel type de vécu inutile le film m’a dirigé.

Pour moi, le réalisme n’était pas au rendez-vous. Un peu plus d’incarnation m’aurait plu.

Enzo. Présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Le geste est fort. Laurent Cantet (Palmé pour Entre les murs) est mort avant d’avoir finalisé le tournage de son film. Son ami Robin Campillo (à qui l’on doit le merveilleux et puissant 120 BPM) a repris les rennes, le projet en main, le relai.

Et c’est un film lumineux qui s’offre à nous et vient dire le sujet de la recherche de soi avec une ferveur qui se mêle à une délicatesse rarement vue.

Lorsqu’on le découvre, Enzo est en train de monter un mur. Il est mal habile, ne semble pas à sa place, n’est pas totalement à ce qu’il fait. Il est là, sous ce soleil de plomb à cacher sa hargne, son mal être. Un mal être propre à son âge, celui auquel on se cherche, auquel on peut chercher à s’opposer pour mieux se découvrir et savoir ce vers quoi on tend. Pour, à termes, avoir l’assurance (si tant est que ce soit seulement possible) de vivre sa propre vie, celle qui émane de nos choix et de nos propres velléités.

C’est là vraiment le propre du cinéma de Cantet. Cette humanité profonde qu’il avait à coeur de mettre en lumière pour tenter de montrer et de dire qu’il nous faut vivre vraiment.

Pas selon des préceptes, pas selon des idées préconcues, pas selon ce que les autres attendent de nous… Mais bel et bien vivre sur la seule base de nos propres réflexions, ressentis, souhaits. Vivre avec nos tripes et être en phase avec nous mêmes. Pour alors être en phase avec le monde au sein duquel nous vivons. C’est ce que j’ai toujours ressenti dans le cinéma de Cantet. Et ce que j’ai aimé.

Comment se construit une conscience sociale et sexuelle ? Si tant est que l’un ait à voir avec l’autre. Comment monte t-on les briques de notre vie pour en faire une construction forte et résistante ?

Cet Enzo est d’une pureté sans faille. Il y a une certaine brutalité, une opposition mais c’est là le propre de toute construction.

Si le rôle du père m’a semblé quelque peu déplaisant et caricatural par endroit (mais ne viendrait il pas lui même d’un milieu modeste ? Ceci pourrait expliquer l’incompréhension qui est la sienne face au rejet de son fils), celui de la mère (sublime Elodie Bouchez qui irradie) apporte la juste dose d’humanité et de croyance en l’humain dont nous avons tous besoin. C’est la femme ingénieure qui allie force et stabilité, et délicatesse et douceur.

C’est en fait un film sur le déterminisme social mais monté à l’envers. Ici le fils est issu d’un milieu bourgeois et semble vouloir s’en échapper. Là encore, pour prouver qu’il existe par lui même. Qu’il n’est pas le « simple » fruit de ses parents. Ça laisse songeur. Mais la démarche personnelle est compréhensible et puissante. Refuser les privilèges qui sont donnés par la naissance.

« J’aimerais bien la voir ta maison » lui lance son collègue maçon, et Enzo de répondre que ce n’est pas sa maison mais celle de ses parents. Maison dont il jouit au demeurant… Il se baigne dans la piscine et y invite sa copine. Il ne boude pas pour autant quelques bribes de luxe qui lui sont offertes. Il est plein de contradictions cet Enzo !

Et le jeune acteur qui l’incarne sait jouer de cette opacité qui ne nous permettra jamais de saisir véritablement le fond de sa pensée, ce qu’il ressent.

Est-ce une crise d’adolescence comme on pourrait le croire un peu facilement, ou une quête personnelle plus profonde ? La marque d’une personnalité puissante qui ne se contente pas de suivre un parcours énoncé mais qui se questionne.

C’est en tout cas franchement doux quoique rugueux. A l’image et à l’épreuve de toute vie.

Woman and child. Présenté en compétition officielle.

Mahnaz, une infirmière de 40 ans, élève seule ses enfants. Alors qu’elle s’apprête à épouser son petit ami Hamid, son fils Aliyar est renvoyé de l’école. Lorsqu’un un accident tragique vient tout bouleverser, Mahnaz se lance dans une quête de justice pour obtenir réparation…

Rien de très vaillamment puissant ne me reste en mémoire lorsque je repense à ce film, alors que j’écris ces lignes le 5 juillet soit 1 mois et demi après l’avoir vu à Cannes.

Si ce n’est un versant tout de même un poil misérabiliste pour dire les réalités d’une société iranienne peu encline à l’équité et à la liberté de chacun.

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