AMHA (A Mon Humble Avis), Festivals de Cinéma

Cannes 1ère : Partir un jour

Posted by Barbara GOVAERTS

Voici venue la quinzaine la plus palpitante de l’année.

C’est Quentin Tarantino qui, hier soir, par un mic drop éclatant, a déclaré ouvert le Festival de Cannes 2025.

Un pur bonheur de cinéma.

D’autant que ce début d’année n’est pas palpitant de mon coté sur le front ciné.

J’attends alors, peut-être plus encore que les années précédentes (quoi que, l’attente étant tellement toujours forte) de retrouver ma bulle cinéma cannoise faite de projections en continu.

Mon bonheur fut déjà comblé ce mardi 13 mai au soir face au film d’ouverture de cette édition cannoise : le premier long d’Amélie Bonnin qui revisite ici le court métrage du même nom qu’elle a réalisé en 2021. Partir un jour.

Cette fois les rôles sont inversés et c’est le personnage de Cécile, incarné par la sublime et pétillante Juliette Armanet qui revient au pays. Car ce film musical est un retour aux sources. Celles que nous avons, un jour, laissées derrière nous, pour se construire une vie à nous. Une vie faite de nos rêves, de nos envies et de nos propres choix.

Cécile est une cheffe reconnue et starifiée de par sa participation à l’émission télévisée Top Chef. Elle s’apprête à ouvrir un restaurant avec son copain Sofiane. Le stress monte à mesure que la cadence augmente. Le jour j approche mais voilà qu’elle découvre qu’elle est enceinte, elle qui ne souhaite pas d’enfant, et que son père fait un infarctus, le 3ème…

Elle n’a alors d’autre choix que d’aller visiter ses parents qu’elle n’avait pas vus depuis…. Noel dernier… enfin celui d’avant.

Elle trouve alors sa mère affairée en cuisine et son père à ses côtés. Tous deux tiennent un routier depuis des années. Avec une passion intacte pour le père, qui a d’ailleurs signé une décharge lui permettant de quitter l’hôpital plus tôt que prévu (dur mais tellement touchant au fond, de tous ces sentiments d’amour qu’il garde enfouis en lui : c’est François Rollin qui l’incarne)… La passion s’est quelque peu atténuée du côté de sa maman (magnifique et solaire Dominique Blanc) qui elle, rêve d’Italie et de Venise dans son van aménagé, dans lequel elle se réfugie lors du peu de temps libre dont elle bénéficie.

Cécile retrouve donc son chien et sa chambre d’ado… C’est sur cette corde sensible que se joue le film.

Toute bouleversée par la décision qu’elle doit prendre concernant cette grossesse qui vient perturber ses plans et cette discussion qu’elle ne souhaite pas avoir avec son ami… Car tous les deux s’étaient mis d’accord de ne pas avoir d’enfants. Mais les choses ne sont pas immuables et l’annonce de cette grossesse, sans tout remettre en cause, l’amène à se questionner. J’aime que le film soit fin sur cet aspect là.

Nos vies sont quadrillées, nous nous y attelons, nous tentons de « backuper » au maximum mais des surprises surgissent… De certains diront « Life is what happens when you’re busy making other plans »…

Ce que je ne vous dis pas c’est que Partir un jour est un film musical. Certaines paroles de chansons françaises bien connues : de Paroles Paroles de Dalida ou Mourir sur scène, à Sensualité d’Axelle Red en passant par du 2be3 et Femme like you de Kamaro sont utilisées telles quelles dans le scénario pour dire les sentiments, émotions, ressentis des personnages.

Ce côté karaoké fonctionne totalement et apporte charme et rythme à un film qui n’en manque alors jamais.

Si le film film est majoritairement porté par Juliette Armanet qui joue ici son premier grand premier rôle, elle forme avec Bastien Bouillon (que j’ai découvert dans La nuit du 12 et qui m’avait déjà beaucoup plu) un duo irrésistible. Il est son amour de jeunesse et le revoir lors de ce retour au pays ne manquera pas de bouleverser Cécile qui voit alors ses certitudes s’effriter.

C’est tout à la fois léger et véritable. Aucun des sujets traités ne l’est fait de façon légère. Le charme opère à chaque instant.

La question de la masculinité (un peu toxique) est abordée sans qu’elle ne tourne jamais vers cette hétérosexualité trop lourde (le copain jaloux de l’ami d’enfance et la baston qui en découle lors d’une soirée arrosée…, le père râleur et frustré qui n’ose dire ses sentiments et en devient rance. Il y a un vrai juste milieu et c’est au final toute la saveur de chacun de ces personnages qui ressort.

Un sentiment de vie ! De cette vie en mouvement qui nous invite à intervalle régulier à nous retourner pour faire le point et recadrer si besoin.

Car s’il faut en effet partir, c’est qu’il nous faut – au moins lors d’instants volés – revenir.

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