AMHA (A Mon Humble Avis)

Divines

Posted by Barbara GOVAERTS

Oui il y a du divin chez ces filles, dans cet univers banlieusard. Du divin, car il y a de l’amour et c’est, en premier lieu, ce que je retiens de ce film primé à Cannes en mai dernier (Caméra d’or qui récompense le meilleur premier film toutes catégories confondues).

J’ai aimé que la réalisatrice se joue des codes actuels. Ici, c’est une femme qui est aux commandes. Les mecs obéissent. On a du « clito » ou on n’en a pas mais inutile d’avoir des « couilles ». Il serait donc facile de dire qu’il s’agit d’un film à tendance féministe mais je ne pense pas au fond que le propos soit là. Divines veut nous montrer qu’au cœur de ce microcosme social et économique que représentent nos banlieues, des cœurs battent, des gens respirent et aspirent à des choses que la société ne met pas à leur portée.

Il démontre également que lorsque l’on manque de tout, alors forcément, le rêve ultime ne peut être autre que l’argent. Base, certes de tous les vices, mais, dans cette société capitaliste et libérale, base de la réalisation des envies et des rêves. « Money, Money, Money »…

Mais revenons-en à l’amour car c’est véritablement là ce qui m’a semblé le plus percutant dans ce film. En général on parle de « la banlieue » et l’on sous entend par cela parler et représenter tous les gens qui la composent. De la même sorte que l’on parle « des réfugiés » ou encore « des parisiens »… Or il me semble clair que parmi ces parisiens, ces réfugiés ou encore ces banlieusards, il n’existe pas deux cœurs qui battent pareil, deux personnes qui soient identiques, deux personnes qui aient les mêmes pensées. J’ai aimé que la réalisatrice évoque par ce film, l’unicité des personnes. Ici donc Dounia et Maimouna : deux amies comme il en existe peu. On les imagine amies depuis leur plus tendre enfance et l’on voit et ressent la belle amitié qui les unit. Deux unicités liguées contre le reste de la société. C’est fort. 

De même que la relation que Dounia créé avec ce danseur est pleine de douceur et d’émotion. Quelle beauté que cette sensualité d’abord intimidée puis poussée à son paroxysme lorsque les corps se frôlent sans qu’un baiser ne soit même échangé. La puissance de suggestion est forte et parfaitement maîtrisée. La réalisatrice filme ici sa petite sœur et là aussi le message est fort. J’ai trouvé sublime qu’elle la filme dans toute sa liberté et dans toute la richesse de sa féminité : tantôt jeune fille nerveuse et bridée qui cache sa beauté sous un jogging informe, tantôt femme libérée sublimée dans des robes et autres tenues « de soirée ». Le regard posé sur « son actrice » est à la fois empli d’amour et libéré par une très grande objectivité. Et c’est sublime et touchant.

Les deux actrices principales sont formidables de justesse déjà, mais surtout excellentes dans leur force d’interprétation. Elles gèrent à merveille la comédie, le drame et même l’action. Car c’est bien là, l’autre force du film : mélanger tous les styles, jouer sur différents genres. En cela, on voyage entre scènes d’action, scènes à la limite du gore, séquences émotions, romantisme, contes de fées, ou encore comédie. La multiplicité et la mixité du cinéma pour évoquer la multiplicité et la mixité de la vie.

Le film nous donne à voir en 1h50 toute la richesse et la complexité de la vie et nous livre une vision réelle et jamais tronquée sur la réalité de notre jeunesse qui ne cherche rien de moins que d’atteindre le ciel.

Tu frappes et tu caresses. Tu frappes et tu caresses.

 

 

 

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